les recueils
"Larbre qui marche"
les parutions
Recueils issus des Tables d'écriture proposées par Jean-Marc Barrier
SAISON 2020-2021
Participation au recueil "Les corps insolubles" issu de la table d'écriture de Jean-Marc Barrier
SAISON 2019-2020
Participation au recueil "Le devenir des pluies" issu de la table d'écriture de Jean-Marc Barrier
Des dessins à l'encre que j'ai réalisés accompagnent les poèmes des 14 participants dont je fais partie (deux poèmes)
SAISON 2018-2020
Participation au recueil "une / nue" issu de la table d'écriture de Jean-Marc Barrier (deux poèmes)
quelques poèmes
textes écrits, mis en musique et vidéo pour l'exposition Transport Nocturne
LES TRAMES
Dentelles noires accrochées au ciel
Résilles ajourées capturées
Un filet d'arbres apparait
Une zébrure plus qu'une présence
Un passage, un trait.
Et l'horizon de nouveau...
Un sursaut anthracite
Presque ambré d'une lueur
D'un soleil couché bientôt.
Magnétiques vibrations d'une danse électrique ensorcelante
S'interrompent puis recommencent ses figures, ses arabesques
Tentaculaires, vives
Mais parcellées, griffonnées, grisaillées.
La cadence s'est emballée vrillant la trame
En de simples et amples rais
Brefs, hachurés
Une lumière de plus en plus épurée.
J'aime le poids du temps
Qui imprime sa force,
Ténu mais acéré,
Un coup d'épée dans les cimaises.
J'aime ces intervalles
Entre l'avant et l'après
Ces déflagrations saisissantes de vérité.
Nathalie Albaladejo
VOYAGE INTIME
Brièveté et fulgurance,
un éclair zébré aspiré en son élan
s'évanouit
perdu dans l'absolu
inscrit à tout jamais en mon coeur palpitant.
Arme fatale,
crève l'opacité de ces longues errances,
avive un feu latent,
opère sa délivrance.
Mais pas que le coeur,
la chair, les tissus, les yeux, les os,
un corps entier en mutation.
Et l'esprit...
habité par ses visions,
affolé par l'immensité des possibles,
de la myriade des sentiers à parcourir,
emprunte à l'araignée sa patience méthodique
et tisse une toile.
Errant dans la suspension des heures blanches,
prêt à bondir dans l'ouverture qui se profile,
pousse les portes une à une
et plonge dans la matière,
nage dans les encres,
glisse sur les parois des feuilles vierges,
cherche les rugosités,
provoque les accroches, les accidents
et les dénouements heureux.
Et puis l'eau...
couleur pourpre charriant ses sentiments,
afflue, enragée comme un lion en cage,
en ces sinueux boursouflements violacés à ma peau
et tambourine à la porte de mon coeur.
L'eau claire de ma plume s'engage dans les noirs de l'encre
et diffuse ses dentelles, ses arabesques délicates,
créant un monde dans un monde,
une proposition dans l'espace,
comme chaque arbre en ses feuilles évoque une trame,
un réseau de nervures.
L'eau ambrée de mon thé
coule dans ma gorge,
décante dans le fond de la tasse sa poudre de tanins,
parsème quelques aplats rehaussés ainsi,
parés d'étoiles.
L'eau mène un combat avec la densité des pâtes colorées et grasses
qui dirigent ses courbes,
comme le feraient les canaux dans les marécages,
les chemins tortueux dans la mangrove.
L'eau qui gonfle mon pinceau
a quelque chose d'animal.
Dans sa nature à s'infiltrer, s'insinuer, couler
elle garde sa qualité intrinsèque, son statut,
sa force, sa faiblesse.
Elle peut imprimer un passage étonnement irisé
et s'enorgueillir de splendeur
comme elle peut noyer la subtilité de traits à l'agonie à son contact.
De las abus, elle peut même crever les fibres d'une cellulose malmenée.
L'eau, mon amie, j'aime me laisser porter par ton courant,
j'aime les accents lourds et opaques que tu offres parfois
et les cascades aux longs débordements qui entraînent les pigments
dans une folle course à la beauté éphémère.
L'eau de ma sève rejoint le flux des océans,
s'emporte comme lui.
L'eau des sources souterraines sombre et fraîche
évapore les perles de sel
dans une alchimie mystérieuse.
L'eau est ce lien,
le véhicule vivant de mon voyage intime,
la brume de mes larmes,
la buée de mon feu intérieur,
les sucs de mon être transfiguré en un rêve impatient.
Nathalie Albaladejo